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Great Teacher bOur - episode 03

Voici quelques passages du rapport de stage que j'ai rendu il y a quelques semaines !

"La sonnerie de 8 heures moins 5 minutes n'a pas encore retenti. Je flâne dans le couloirs. Les souvenirs reviennent petit à petit. Quelques couches de peintures en plus sur les murs n'ont pas suffi à transformer le lieu. Il semblerait que rien n'ait changé en 7 années. Les professeurs que j'avais sont toujours là. La salle d'arts plastiques aussi semble épargnée par l'usure du temps. J'ai tout de suite pu désigner la place où je m'asseyais. Tandis que les cours débutent, je m'installe avec mes affaires au fond de la salle. Pour cette première semaine j'ai convenu avec le professeur que j'allais me présenter rapidement au début de chaque heure. Ne pas le faire aurait été un manque de respect auprès des élèves. Après tout c'est leur classe pas la mienne. Et puis ça permet de dissiper partiellement la curiosité de ces derniers à mon sujet, source d'agitation. Tout de suite certains m'interpellent... soit pour me demander de supplanter à leur professeur « Est ce que c'est bien comme ça ? » « Quelle couleur je dois utiliser pour le fond? » etc... soit pour faire les malins. C'est assez déstabilisant au premier abord, on se demande comment leur répondre puis finalement on s'y habitue et on joue le jeu. Parfois certains freluquets vous mettent à l'épreuve en se montrant grossiers. Ils sont bien plus malins qu'ils n'en ont l'air puisqu'ils ont tout de suite deviné vos limites, l'incapacité de les punir. C'est assez contraignant puisqu'il faut alors faire preuve d'autorité malgré le fait qu'effectivement ce n'est pas vous qui êtes en mesure de les sanctionner mais leur professeur."

"Toujours est-il, que ce soit au collège ou même au lycée, enfantillages, disputes, lancer de boulettes de papier, bavardages intempestifs sont au programme lors de presque toutes les heures de cours. Et c'est là qu'on se rend compte que beaucoup parmi les élèves sont encore des enfants même si quelques uns au lycée professionnel doivent avoir 2 ou 3 ans de moins que moi.
L'époque du collège et du lycée correspond en effet à l'adolescence avec tout ce que cela implique quant aux relations à soi même et aux relations aux autres. L'adolescence c'est l'époque des désillusions. Souvent les relations entre l'adolescent et ses parents deviennent compliquées, on cherche à se démarquer du carcan familiale et c'est là que le professeur doit se poser en mentor. Il s'agit pour lui d'être un modèle pour ses élèves quant à son comportement. En espérant que ses élèves le lui rendront en retour. J'étais bien naïf de penser qu'il suffisait de s'investir énormément et d'être quelqu'un de bien pour captiver et tenir les rênes d'une classe. J'avais oublié à quel point certains peuvent être... bêtes. Décrocher une licence, puis maintenant un Master pour ensuite passer le CAPES, tout cela pour quoi ? Tenir une garderie ? Car oui, j'ai eu l'impression que l'enseignant passe souvent plus de temps à faire du baby sitting qu'à enseigner. Quoiqu'il en soit il faut faire de son mieux, donner même si on ne reçoit pas grand chose en retour. J'ai pris conscience que c'était un métier qui pouvait être ingrat."

"Prisonnier de la routine inhérente au lieu, je me réadapte inconsciemment à ses codes, à son fonctionnement. Par exemple je me suis surpris à écouter attentivement le professeur, à suivre le cours, à être happé par celui-ci au même titre que les élèves de la classe. Alors que j'étais libre de faire ce qu'il me plaisait, commencer à rédiger mon rapport de stage, me lever, marcher, m'assoir devant, derrière etc...
Il a quelque chose qui m'est venu à l'esprit un jeudi. Le fait d'être professeur implique de ne jamais vraiment quitter l'école, on passe simplement de l'autre côté de la barrière. On arrête de jouer aux indiens pour jouer aux cowboy. Mais c'est toujours le même jeu. Est ce que c'est une façon de se protéger ? On passe de l'école à l'école des enseignants puis on retourne à l'école y enseigner. Jamais on ne quitte le nid. Plutôt que de découvrir d'autre horizons, on reste au sein du cocon."

"Le fait de revenir en arrière et d'être confronté à la réalité du terrain en tant qu'observateur vaut toute une batterie de cours théoriques mais le fait d'être dans la peau d'un professeur est encore plus instructif. Lors du dernier jeudi j'ai eu la permission d'enfiler réellement les habits du professeur d'arts plastiques puisque j'ai concocté un sujet que j'ai, après consultation avec M. Doyen, distribué à une classe de 3ème. Il s'agissait pour eux d'imaginer la pochette d'un album de musique. Je leur ai donc distribué le sujet, ainsi que des exemples de pochettes plus ou moins célèbres [...] que j'ai fais passer puis je leur ai expliqué ce que j'attendais d'eux. Ils m'ont ensuite posé un certains nombre de questions d'ordre général, par exemple quelle technique utiliser, ce à quoi j'ai répondu en leur disant qu'il était conseillé d'utiliser feutre, crayons et peinture et d'éviter certains mélanges techniques disgracieux. Puis j'ai vu les élèves un par un afin de discuter de leurs premières idées. Ils ont eu 2 semaines ou 3 je ne sais plus pour me rendre leurs travaux, que j'ai noté et annoté. En effet pour moi l'un des principaux problème quand on est étudiant dans une faculté c'est de ne jamais recevoir de retour quant à ses dissertations. Le jour de l'examen, on vous donne un sujet, vous y répondez puis quelques semaines plus tard on vous attribue un nombre compris entre 0 et 20 qui signifie plus ou moins quelque chose. Mais jamais quelqu'un ne vous dira précisément, voilà où tu t'es trompé, voici ce que j'attendais de toi, c'est ceci que tu aurais du mieux rédiger, c'est sur ce point là que tu aurais du insister, attention à ta syntaxe etc... Et si l'on veut consulter sa copie pour y lire les maigres annotations du correcteur qui sont par ailleurs souvent illisibles, il faut harceler le secrétariat de votre département. Je me suis donc appliqué à côté de la note à énumérer brièvement les points positifs (une idée originale, un dessin soigné...) et les points négatifs (des couleurs qui auraient pu être plus judicieusement choisies ou une faute d'orthographe dans le titre de l'album...) toujours dans l'idée de guider l'élève, qu'il sache là où il a réussi et éventuellement là où il a échoué ou tout du moins là où il peut s'améliorer. Parfois je me suis même risqué à quelques traits d'humour comme sur le travail de cet élève qui avait choisi comme titre à son album « partir loin ». Voilà ce que j'ai écris au dos de son travail « un dessin qui semble inachevé et c'est bien dommage, il semblerait que c'est de ta feuille que tu sois parti loin ». Mais je pense avoir été indulgent dans la notation puisque la plus mauvaise note est un 11 et que 3 travaux ont été évalués à 19 sur 20."

1 commentaire:

  1. ouahhh, tu as adopter une écriture plutôt amusante et très sympathique à lire. j'espère que cette originalité te sera récompensée ;)

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